L’Édito de fin de saison

C’est officiel ! Les derniers ballons ont rejoint les casiers, les sifflets se sont tus et les chaussures sont au fond du placard. La saison est terminée, Duhourquet entre en hiber-été-nation et nos licencié·es rongent désormais leurs freins – ou pas – en attendant leurs dates de reprise.

Alors, on pourrait faire le bilan de cette saison, mais ce sera l’objet d’un autre article. On pourrait se féliciter d’une saison sportivement remarquable, mais on s’en parlera plus tard. Non, ce qui anime cet édito, c’est un concept étrange, venu du fond des âges du sport collectif et aujourd’hui en voie de d’extinction sur bon nombre de nos parquets : « l’Esprit Club ».

J’en vois déjà sourire dans le fond… L’esprit club ? Quelle ironie ! Nous serions des communicants hypocrites à présenter cet esprit comme un espoir d’unité ? Laissez-moi vous expliquer en quoi vous ne pourriez pas plus vous tromper.

Au tournant des années 90, le CAB Handball a pris un virage qu’il est très fier aujourd’hui d’assumer comme un héritage : engager ses efforts dans la filière féminine. Beaucoup de présidences, de bureaux et de staffs se sont succédés durant ces 25 dernières années, apportant toutes et tous leurs pierres à l’édifice au damier. Lorsque la saison 1999-2000 se termine, les filles rejoignent alors la Nationale 1 et le projet se dessine plus précisément. Bon nombre de nos licencié·es n’étaient alors pas encore né·es, et cet esprit club n’en était qu’à ses prémices.

Il s’en est écoulé, du temps à construire une identité ! Les garçons, les jeunes, les loisirs : des laissés pour compte ? Sans doute au début, il faut l’avouer. Concentrer ses efforts sur une seule filière s’accompagne souvent d’un délaissement des autres. Attention ! Personne aujourd’hui ne jette la moindre pierre aux équipes et aux bénévoles qui furent les artisans de cette construction : il fallait sans doute qu’il en soit ainsi pendant un certain temps, et tous les choix qui furent fait ont participé à la pérennisation du club en élite féminine aujourd’hui.

Dans ce contexte, que devient alors l’esprit club ? Qu’est-ce qui pourrait bien unir des joueuses et des joueurs, jeunes ou moins jeunes, dont le seul trait commun est de porter le damier – héritage séculaire d’un club omnisports fier de ses couleurs ? Il fallut alors rebâtir, redonner du liant à ce ciment trop fragile. Des années à chercher, essayer, tenter d’équilibrer une balance qui penchait démesurément. Des situations parfois difficilement acceptables, des problèmes sportifs, des unions – désunions. Qu’elle fut dure, cette période de structuration !

Mais faisons un saut dans le temps. Septembre 2024, nouveaux changements au sein du club. Pêle-mêle : nouveau bureau, nouveau staff D2F, remplacement des U17F par des U18F, création d’une équipe SG2, nouveaux staffs pour les équipes jeunes… Bref, la poursuite de la reconstruction de notre esprit club s’inscrivait alors dans une nouvelle dynamique. Des erreurs passées, il fallut apprendre. Des échecs de communication, il fallut comprendre. Rien ne dit que les saisons futures seront sans heurts : et d’ailleurs, je sais déjà qu’elles ne le seront pas. Mais je peux vous assurer que tout est fait pour que les efforts engagés depuis 25 ans résonnent concrètement dans les esprits de tous·tes.

L’esprit club ? C’est prendre du recul. C’est comprendre avec bienveillance la réalité d’un club qui, au milieu de beaucoup de nos voisins qui entrent dans des périodes économiques très compliquées, a réussi à assurer sa survie. C’est porter une fierté du maillot, quelles que soient les circonstances, dans toutes les salles de France. C’est soutenir le club, les joueuses, les joueurs. C’est ne faire aucune distinction du porteur du damier, de l’école de hand jusqu’à l’élite.

Et nous alors ? C’est apprendre de nos erreurs, tomber, se relever, tomber encore et avancer quand même. C’est prendre du temps pour vous écouter – tant que nos échanges sont de bonne foi. C’est donner à celles et ceux qui marquent les buts et font les arrêts les moyens d’évoluer sainement. C’est penser à celles et ceux qui les accompagnent et les soutiennent, en tribunes comme au bord des terrains. Le CAB Handball sera toujours un « club de filles », mais il sera aussi bien plus que ça, et nous le revendiquerons à chaque fois qu’il faudra le rappeler.

Finalement, ce n’est pas un édito. C’est un plaidoyer. Pour que notre club, votre club, existe comme une entité indivisible, avec ses particularités historiques et ses caractères, ses revendications et ses acceptations. Rien ne sera jamais parfait, mais tout sera toujours fait pour que les décisions soient justes et respectueuses de chacune et de chacun.

Pour que toutes et tous, nous portions ensemble le CAB Handball dans une seule et même direction : l’Esprit Club.